Urbanisme à Bruxelles : l’Ordre des Architectes poursuit la construction d’un dialogue stratégique avec les communes
Le dialogue entre l’Ordre des Architectes et les communes bruxelloises s’installe dans la durée. Après la rencontre du 19 mai, l’Ordre a de nouveau réuni, ce 17 novembre, les Échevins de l’Urbanisme pour poursuivre un travail devenu indispensable : rapprocher les pratiques de terrain, les réalités administratives et les attentes politiques. Une rencontre dense, où un constat s’est imposé : pour que l’urbanisme bruxellois gagne en clarté et en efficacité, il faut désormais agir ensemble.
Les échanges ont permis d’aborder plusieurs thèmes clés : l’incomplétude des dossiers, la complexité du cadre réglementaire, la crise du logement, la formation des architectes et les outils liés aux marchés publics et à l’environnement. Autant de sujets qui conditionnent aujourd’hui la fluidité des procédures et la qualité des projets.
Comprendre l’incomplétude des dossiers
À Bruxelles, plus de 80 % des demandes de permis sont déclarées incomplètes. Une situation qui génère des tensions : pour les architectes, confrontés à des retards ; pour les citoyens, qui attendent des décisions ; et pour les services communaux, qui doivent traiter des dossiers jugés insuffisamment documentés.
Pour avancer sur ce point sensible, l’Ordre a proposé d’organiser des visites au sein de plusieurs services d’urbanisme et de constituer un groupe de travail dédié. L’objectif : analyser, sur le terrain, les motifs les plus fréquents d’incomplétude, comprendre la manière dont les équipes communales évaluent les dossiers et mieux saisir les difficultés qui pèsent sur leur travail quotidien.
Ces visites permettront aussi de confronter des perceptions qui divergent souvent entre architectes et administrations. En établissant un « cadastre » objectif des motifs d’incomplétude, l’Ordre souhaite clarifier la situation, identifier les véritables points d’achoppement et mettre à disposition de la profession des outils concrets. Une démarche qui vise à réduire les frictions, faciliter le dépôt des dossiers et améliorer le fonctionnement global de la chaîne du permis.
Une législation devenue labyrinthique
La question du cadre réglementaire occupe une place centrale dans les discussions. CoBAT, RRU, interprétations communales, cas particuliers : l’urbanisme bruxellois s’est construit, au fil des années, en strates successives qui rendent les textes difficiles à lire, même pour les professionnels.
Les communes elles-mêmes reconnaissent la complexité d’un système qui laisse place à des interprétations multiples. L’Ordre plaide pour une simplification plus profonde et invite les services communaux à participer activement à cette réflexion. Et l’Ordre demande à participer aux discussions actuellement en cours entre les communes et la région relativement à la rationalisation des procédures de demande de permis en ligne.
Les autres points discutés
Crise du logement et reconversions : des pistes à explorer
La crise du logement s’est également invitée dans les débats. L’Ordre a proposé d’examiner un assouplissement des normes d’habitabilité pour faciliter la reconversion d’immeubles existants (en particulier les bureaux inoccupés) en logements. Une approche déjà expérimentée à l’étranger et qui pourrait contribuer à débloquer des projets aujourd’hui à l’arrêt.
Former les architectes pour mieux naviguer dans la complexité
Parce que les procédures évoluent et restent difficiles à appréhender, un second groupe de travail sera consacré à la création d’ateliers pratiques pour les architectes exerçant à Bruxelles. Ces formations porteront sur les démarches papier et digitales, les étapes administratives, les recours possibles ou encore les points d’attention essentiels. L’objectif : construire un dispositif commun réunissant Région, communes et Ordre.
Marchés publics et transition environnementale
Pour terminer, l’Ordre à tenu à présenter les nouveaux modèles de cahiers spéciaux des charges et la Charte environnementale. Ces outils, conçus pour encourager des pratiques plus cohérentes et responsables, ont été proposés à la signature des communes.
Un rôle d’interlocuteur privilégié
Cette rencontre, initiée par l’Ordre, s’inscrit pleinement dans sa mission de représentation de la profession et de dialogue constant avec les acteurs de l’urbanisme. Positionné à l’intersection des enjeux – entre les difficultés rencontrées par les architectes, les contraintes concrètes des services communaux et les ambitions régionales – l’Ordre est aujourd’hui l’un des rares acteurs capables de faire remonter les informations du terrain, d’identifier les blocages et de proposer des solutions opérationnelles.
Au fil des échanges, une évidence s’est imposée : tous les acteurs souhaitent un système plus simple, plus cohérent et plus compréhensible. Les initiatives lancées – visites, groupes de travail, outils partagés – marquent la volonté collective de faire évoluer l’urbanisme bruxellois par la collaboration, l’écoute et l’expertise conjointe.